Tous Républicains !?

Depuis de très longues années, tous les candidats à l'élection présidentielle y font systématiquement référence. Les lendemains de 21 avril, les bêlants, gonflés de certitude, arpentent l'asphalte de nos citées menacées par la peste brune, et invoquent avec la ferveur des maquisards le consensus Républicain. Mais le plus souvent, le contenu de leurs vociférations citoyennes, cachent mal leur reniement à tous les principes des idéaux révolutionnaires hérités de la Gueuse.
Ces dernières années, malgré les discours d'apparat, l'évanescence de l'idée républicaine s'accompagne d'attaques idéologiques franches et brutales. Des indigènes de la République à Nicolas Sarkosy, il est de bon ton de rendre coupable la République de tous les maux. On constate qu' à l'opposition historique des "anti-lumières" s'ajoute une critique ubuesque issue des rangs progressistes. Au nom d'une vision biaisée de l'Histoire, et d'une interprétation manichéenne de la question sociale, les tenants du relativisme culturel et du différencialisme de gauche suivent inconsciemment au pas de l'oie le libéralisme triomphant et le darwinisme social victorieux. La gauche morale geint, regrette à chaudes larmes la disparition des biens communs (donc de la Rés publica), et pour finir s'insurge contre le détricottage de l'état providence. Mais pour eux, les principes de la République sociale seraient un miroir aux alouettes supplémentaire voir, plus inquiétant, elle serait la cause des discriminations, de la crise économique, et des difficultés sociales. Mais nos penseurs post-modernes sont-ils assez subtils pour comprendre les contraintes d'un système aussi exigent que celui de la République? Un système qui a poussé toute une génération dans la résistance contre des pétainistes satisfaits qui étaient parvenus à l'abolir !? Qu'on se le dise, l'idée de République ne saurait exister sans la participation des citoyens, et c'est ici que l'ascenceur social descend. Qu'on se le répéte, l'idée de République sociale et démocratique ne saurait exister sans un gouvernement vertueux, et c'est ici que nos institutions s'écroulent.
Nos indigents de L'(a) république et leurs congénères, invoquent des idées de laïcité ouverte ou plurielle, de république rénovée, tout un fatras grand guignolesque qui vide ces concepts de leur sens et de leur essence. Ils sont favorables à la discrimination positive, sans parler d'égalité de droit. Se prétendent laïcs, tout en s'appuyant sur les églises et leur communautarisme revendiqué.
Il n'y a historiquement aucune exclusivité d'interprétation des principes républicains. Ce modèle fut incarné dans plusieurs camps politiques de droite comme de gauche. Mais ce n'est pas une raison suffisante pour professer les pires vilénies sur cet idéal populaire.

Malaise dans le Bicentenaire.

Déjà, en 1989, la forme singulière de gouvernement léguée par la Révolution Française était en survie. François Furet rédigeait, sous l'oeil attendrit des stylistes du prêt à penser, le faire-part de dècès de la gueuse publié en pleine page d'un journal du soir. Pour l'historien désigné par l'établishment, le Bicentenaire était l'occasion de couvrir "d'un linceul cette tradition" et de laisser Marianne veiller sa dépouille en paix.

Depuis, de République, il n' y a plus. Les thuriféraires du neo-féodalisme s'égosillent contre un fantôme. Comme des cannibales, ils ont bouffé le cadavre, mais seuls les vrais carnassiers de la politique se régalent à la table des assassins et antropophages. Le vicomte, dont les ancêtres catholiques chouans et vendéens furent viscéralement en lutte contre les valeurs universelles, entrepend les premiers entre-chats d'une danse funèbre(1). Il fustige par racisme toute une catégorie du peuple français, et se sent pousser des ailes de républicain. On en est là. Mais le pire est à venir. Dans son livre "A contre Flots", la progéniture du populiste borgne peut aujour'hui sans sourciller citer et faire référence à Mendes France et Jaures... Il est bon de se servir sur la bête encore chaude (voir à ce sujet l'article "Marine Le Pen Radsoc?" de Sylvain Attal). Ils ont les meilleurs morceaux du cadavre... Ils n'ont rien volé, on leur a tout laissé...

(1) Exemple de la décrépitude intélectuelle de la gauche mouvementiste et des supplétifs de la gestion libérale du centre : la saillie délicate et pleine de compassion de Julien Dray, en réponse aux délires de De Villier. Le porte parole du PS n'a rien de trouvé de mieux que de pleurer sur l'islam, et a déclaré sur un ton martial "Cibler une religion est contraire à la République"... a bon? et depuis quand? tirer le rideau .


Les paroles de la chanson de Dutronc, Madame l'Existence :

Je voudrais m'acheter une démocratie
Je voudrais m'acheter le meilleur d'une vie
Je voudrais m'acheter de la liberté
Et puis un peu de fraternité

On n'a pas ce genre d'articles
Vous vous trompez de boutique
Ici c'est pas la République

Je voudrais m'acheter des petits bonheurs
Je voudrais m'acheter des contre-malheurs
Je voudrais m'acheter un peu de vérité

Et puis aussi quelque chose pour rêver

Je voudrais m'acheter un morceau d'avenir
Je voudrais m'acheter des envies de sourire
Je voudrais m'acheter un très très grand amour
Et pouvoir l'aimer
35 heures tous les jours

Avez-vous quelque chose contre la misère ?
Contre la misère, on a des cache-misère

Contre la misère on a de la poudre aux yeux
Et puis encore un peu de ciel bleu

Merci merci Madame l'existence
Je vais donc changer de boutique
Allez voir si la République
Ne vend pas ce genre d'article
Merci merci

Merci merci Madame l'Existence ..