
Les murmures modulés et les saturations ravageuses hypnotisent tous les membres de la famille, habitués depuis tant d'années au silence monacal des hivers sans fin. Les plus mordus d'entre eux ont les oreilles collées à l'appareil.
Crachés de la gueule du poste, les sons inaudibles rebondissent comme des choc lourds sur les murs de la salle à manger.
Des voix. Plusieurs voix différentes se mêlent et s'entremêlent. Des chuintements surgissent. De courtes plages de silence leur succedent. Des crachottements ponctuent le discours de celui que l'on ecoute... "Il y a trop de bruits et de souffle sur la fréquence pour discerner ce qui se dit", chuchotte en expert le père de famille. On suit des yeux l'aiguille sur le cadran gradué.
La TSF est installée, sur le meuble, pas loin de la cheminée orpheline des discussions familliales... les soirées d'hiver ne seront plus comme avant... le monde est entré dans la maison... en sourdine...